Source journal l’Alsace du 18 février 2024 : https://c.lalsace.fr/societe/2024/02/18/claude-gasser-decore-le-bon-sens-paysan-d-une-ame-benevole?login=1
Se qualifiant lui-même de paysan sundgauvien, Claude Gasser, originaire de Riespach, a été mis à l’honneur dernièrement à la Société Industrielle de Mulhouse par la vice-présidente du tribunal judiciaire de Mulhouse pour ses quinze années d’activités bénévoles. Portrait d’un sundgauvien pur souche.
Clément Heinis – 18 févr. 2024 à 06:11 – Temps de lecture : 5 min
Servir et être utile aux autres est et restera le maître mot des actions de Claude Gasser. Cette maxime, il l’a mise en pratique dès sa jeunesse à Riespach, où il est né en 1948. Son père était originaire de Moernach et avait servi comme Malgré Nous sur le front russe. Mais il en parlait «très peu », avoue Claude Gasser.
Paysan ouvrier à Riespach et contremaître dans l’usine textile Lang, son père élevait, avec sa femme et ses enfants (Claude était l’aîné), des vaches, des cochons, des lapins, des canards et des poules : « Très vite, j’ai appris à faucher les foins à la main, ainsi que les céréales avec la faux munie d’un rabattoir pour les coucher en andains qui étaient ensuite noués avec des liens en paille de seigle. La grande batteuse était mise en branle dès l’automne. »
Le premier char carnavalesque Spoutnik
Claude Gasser participait aussi aux activités du foyer des jeunes Les Castors. Plus âgé, il a été servant de messe puis sacristain : « C’est pourquoi je n’ai jamais eu de problème pour boutonner ma robe de juge », dit-il en riant. « Bon élève, le curé qui, comme dans beaucoup de communes régentait alors la vie du village, voulait que j’intègre le petit séminaire à Zillisheim et pourquoi pas que je devienne curé. Mais ça n’a pas marché ! Puisqu’après mes études à Zillisheim, j’ai intégré la faculté de droit à Strasbourg. » Il rejoindra ensuite le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), l’Institut de sciences économiques techniques de banque puis, en 1985, l’Institut de la haute finance promotion Alsace, où il avait comme professeur d’économie un certain Dominique Strauss-Kahn.
Petit village de 700 habitants, Riespach a aussi vu naître Tony Troxler, créateur du Herre’n’Owa, le théâtre alsacien, sa batterie fanfare plusieurs fois championne de France, mais aussi l’une des toutes premières cavalcades. « J’en suis très fier, puisque c’est avec mon frère Paul que nous avons construit le premier char carnavalesque. C’était le Spoutnik et nous l’avons assemblé à partir de la grosse tuyauterie du souffleur à foin ancestral que mon père avait dans la grange », se souvient-il.
Lieutenant au 8e Hussards
C’est ainsi que Claude Gasser, telle une cigogne d’Alsace, revenait toujours dans son Sundgau natal. Même l’armée ne l’en a pas éloigné, puisqu’après l’école des officiers de cavalerie à Saumur, il a passé huit mois en 1972 en tant que chef de peloton au 8e Hussards à Altkirch avec trois engins blindés de reconnaissance et trois Jeeps à disposition. À ce titre, il se souvient d’une marche de nuit organisée entre Vauthiermont (90) et Altkirch, soit 20 km. « Comme il s’agissait d’un challenge interne entre sections, je me suis organisé pour que les éléments les plus faibles de ma section n’y participent pas en les envoyant à l’infirmerie pour divers petits maux. Et nous avons gagné le challenge ! »
Il se rappelle aussi avoir sauté en parachute à la base de Fontaine avec le juge Germain Sengelin , également officier de réserve. Lieutenant-colonel honoraire, il manage encore aujourd’hui les réunions et conférences du Cercle mars et mercure Alsace des officiers de réserve.
Une carrière bancaire et judiciaire
Sa carrière civile s’est déroulée dans différentes banques et entreprises locales et nationales. Il a été, en 2001, le concepteur du siège social de la Banque Populaire à Sausheim , « premier bâtiment tertiaire 100 % haute qualité environnementale ». « J’avais insisté pour avoir une façade en pierre locale, le grès des Vosges de Champagney, siliceux et non gélif. » Il se rappelle aussi qu’étant directeur chez Brendle outillage à Saint-Louis, il a fait livrer tous les rivets pour la construction du bateau France : « Ils étaient de qualité et de fabrication allemande et nous avons remporté le marché », se réjouit-il.
Nommé juge consulaire bénévole durant 15 ans et président depuis neuf ans, Claude Gasser s’est investi dans ses nouvelles tâches avec le bon sens paysan qui le caractérise et un investissement sans faille comme tout bon sundgauvien. « Tu as présidé près de 330 audiences, mais ton immense disponibilité s’est étendue aux entretiens de la prévention , concluant 75 % des cas litigieux par des accords de conciliation, sauvant des entreprises avec l’effet d’entraînement positif sur les fournisseurs, les partenaires, les salariés et les effets sur l’économie locale, que ce soit en centre-ville ou en milieu rural », a relevé il y a quelques semaines à la Société industrielle de Mulhouse (SIM) la présidente Sandrine Martin en le mettant à l’honneur lors de sa retraite des activités judiciaires. « Tu t’es aussi attaché à maintenir les meilleures relations entre tous les partenaires, mandataires, administrateurs, avocats, commissaires de justice, huissiers, syndicats, chambres professionnelles, greffe, collègues, Urssaf ou Banque de France. »
Une retraite active
Mais Claude Gasser a d’autres cordes à son arc et, loin d’arrêter ses activités, il conserve encore, à 75 ans, ses fonctions de délégué régional adjoint Alsace de la Fondation du patrimoine. Il participe à la préservation des trésors locaux, chapelles, orgues, fontaines, calvaires et autres, en organisant les dons privés et en les abondant au travers de la dotation de la Fondation du patrimoine qui tire ses fonds des successions en déshérence. « Je prends un plaisir évident à préserver ce patrimoine et nous préparons actuellement la restauration de quatre croix de mission en forêt du Schönholz à Heidwiller, là où le Souvenir français va ériger prochainement une stèle en mémoire des combattants français de 1914-1918. »
Parrain du Cercle des Mécènes du Sundgau
« Le Cercle des mécènes du Sundgau travaille en partenariat avec la Fondation du patrimoine délégation Alsace et lance chaque année un appel à projets et, en 2015, j’ai participé au lancement de cette démarche qui regroupe dix entreprises et jeunes entrepreneurs désireux de maintenir le tissu économique dans leur territoire en le mettant au service de la sauvegarde du patrimoine sundgauvien. »
Je prends un plaisir évident à préserver ce patrimoine. Nous préparons actuellement la restauration de quatre croix de mission à Heidwiller.
Claude Gasser, délégué régional à la Fondation du Patrimoine
Trente-huit projets ont déjà été soutenus par le passé avec près de 50 000 € versés. « D’autre part, lors de ma prise de fonction comme délégué adjoint de la Fondation du patrimoine Alsace il y a 15 ans, j’ai dès le départ pris mon bâton de pèlerin pour démarcher les communes et c’est ainsi que j’ai pu monter 150 projets. Aujourd’hui, alors que la Fondation est connue et reconnue, ce sont les communes qui s’adressent à nous. C’est une belle satisfaction », explique Claude Gasser.
Il est aussi actif dans plusieurs associations dédiées à l’histoire, parrain d’Initiative Sud Alsace qui accompagne les jeunes créateurs d’entreprise et également en charge du pôle attractivité du Conseil de développement de Saint-Louis agglomération. Cette retraite active comprenant un agenda toujours chargé, avec à son actif de belles et grandes réalisations, ne laisse assurément pas de place à l’ennui et Claude Gasser est par ailleurs heureux papy de Gabriel, Érine, Florian et Clara.